Le 17
mai
Du
haut de notre perchoir, la nuit fut très tranquille. Nous nous
levons dans les nuages, la purée de pois. Nous partons tout de
suite après le petit-déjeuner pour se rendre sur le bord de la
rivière Broken Creek où se trouve l'accueil du Parc national
Eungella, le point de départ de quelques sentiers ainsi qu'une
plate-forme d'observation des ornithorynques ou plathypus.
Nous
n'avons pas beaucoup d'espoir d'en voir car ils sont surtout actifs
la nuit, le matin très tôt et en fin de journée. Les cinq
dernières fois où nous avons essayé d'en voir, ce fut sans succès.
Mais quelle surprise d'en voir un dès notre arrivée au site
d'observation! Il est mignon comme tout et nage au centre de la
petite rivière avec ses pattes de devant qui sont palmées. Il
respire quelques secondes, ferme ses yeux, ses narines et ses
oreilles, et plonge dans l'eau trouble pour aller chercher sa
nourriture à l'aide de son bec ultra-sensible aux champs électriques
dans l'eau. Quel animal bizarre! Mammifère qui pond des œufs,
allaite ses petits, pourvu d'un ergot venimeux aux pattes arrières
et surprenant à bien d'autres égards que je passe sous silence ici.
Et voilà qu'un deuxième animal apparaît! Wow!
Ce n'est
probablement pas pour cela que des dizaines de cockatiels à crête
jaune crient à tue-tête juste au dessus de la rivière mais tout de
même un vrai beau spectacle que l'on admire durant plus d'une
demie-heure. Pendant que les deux ornithorynques s'affairent en
face de nous, une dizaine de tortues passent lentement à la queue
leu leu juste à nos pieds, tout près de la rive. Où s'en
vont-elles comme cela?
Après
nous être remplis les yeux de plathypus nous allons faire un sentier
dans la forêt tropicale bien particulière de ce parc national. Le
Parc national Eungella protège une forêt refuge, un îlot de forêt
tropicale qui a été isolé des forêts plus au Nord lorsque le
climat de l'Australie est devenu de plus en plus sec. Les espèces
présentes dans les montagnes du parc ont continué à évoluer
depuis les quelque 30 000 ans depuis cette séparation et
aujourd'hui, il y a des dizaines d'espèces que l'on ne trouve
qu'ici, des espèces endémiques au Parc Eungella. Notre premier
sentier nous amène donc à travers des peuplements de Tulipiers de
Eungella (Tulip oak) et de palmiers éventails de Eungella (Fan
palm).
Si l'on cherchait très fort et si l'on était chanceux on
pourrait aussi voir des amphibiens et des reptiles endémiques du
Parc dont une grenouille qui incube ses œufs dans son estomac et qui
crache les tétards après l'éclosion. Mais aucun individu n'a été
trouvé depuis 1995... Rare, menacée, en disparition, disparue? Malgré la légère pluie, les sangsues semblent absentes. Mais on n'a pas pris de chance avec les bottes...
Nous
faisons ensuite une seconde randonnée dans un habitat différent à
flanc de montagne. Le sentier passe sous un figuier particulier
qu'on appelle le Tree Arch. L'arbre hôte qui a servi de pilier à
ce figuier alors qu'il se développait est mort depuis longtemps et a
complètement disparu. À sa place il y a cette cavité qui donne un
cachet bien particulier au figuier qui reste et au sentier qui passe
au travers.
Avant
le dîner nous arrêtons au Café Hideaway pour y prendre un
succulent capuccino et pour visiter le jardin de Susanna la
propriétaire. Susanna a construit et décoré son jardin d'une
manière bien originale. Elle se défend bien que ce soit de l'art
mais je crois bien que oui car les centaines d'objets qu'elle a créés
avec des billes de verre ou des pierres sont uniques. L'ensemble
surprend par son ampleur. Des années de travail et des milliers
d'heures à coller des morceaux de verres sans aucun doute. Un
jardin rococo qu'on a bien aimé parcourir dans une ambiance de
musique classique.
Après
dîner, nous redescendons la montagne sur la compression. Nous
passons de 750 m en 150 m d'altitude en une dizaine de minutes, par
le même chemin où nous avions monté. Nous nous dirigeons ensuite
vers Mackay, ville d'environ 80 000 habitants et capitale régionale
touristique et de services. Tout au long du parcours, nous sommes
entourés de champs de canne à sucre et nous sommes surpris de voir
trois grosses usines sucrières en l'espace de quelques dizaines de
kilomètres.
Nous
visitons le centre-ville situé sur le bord de la mer à l'embouchure
de la rivière Pioneer et décidons de poursuivre notre périple car
cette ville n'a pas grand intérêt pour nous malgré une marina, un
joli centre-ville commercial, des condos en bordure de rivière, etc.
C'est certainement parfait pour les touristes qui en font un lieu de
résidence secondaire pour passer l'hiver mais cela manque de
d'attraits intéressants pour nous.
Nous
roulons vers le Sud jusqu'à la petite ville de Sarina où nous
trouvons un petit camping sympathique et tranquille pour passer la
nuit.
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