28 février
Jour de Kauris
Après un époustouflant coucher de
soleil sur le hâvre de Hokianga, nous avons passé une nuit des plus
tranquilles à Rawene.
Aujourd'hui, nous avons traversé deux
forêts anciennes de kauris, des arbres immenses qui ont fait l'objet
de coupes intensives au cours du dernier siècle. Heureusement, des
parcs et des réserves ont permis de sauvegarder quelques hectares de
forêts qui contiennent encore des spécimens très anciens de
kauris. Nous avons vu le plus haut, qui s'appelle le Lord of the
Forest ainsi que le plus large en circonférence, le Father of the
Forest... C'est très impressionnant! On parle ici d'arbres âgés
entre de 1200 et 3000 ans, de 51 mètres de hauteur pour le plus haut
et de 16,4 mètres de circonférence pour le plus large... Ça fait
un peu penser à l'envergure des séquoias géants de l'Ouest
américain.
Nous avons fait quelques randonnées
dans ces forêts, en avons admiré des dizaines et campons à l'orée
de Trounson Park Kauri Forest. En fin de journée, j'ai dessiné un
kauri de 500 ou 600 ans, bien installée dans le sentier en pensant à
la durée bien éphémère de notre vie comparée à la sienne...
À la brunante, nous refaisons un
sentier en espérant voir un des kiwis qui habitent le secteur mais
sans succès.
Hélène
Le 29 février
Nous poursuivons notre route vers le
Sud en passant par Dargaville la capitale mondiale du Kumara. Les
champs sont pleins de cette sorte de patate douce que l'on retrouve
surtout en Asie du Sud-est et en Polynésie et qui a été amenée
ici par les premiers Maoris. Les Kiwis en raffolent et on en
retrouve plusieurs variétés dans les épiceries. Nous en avons
mangé plusieurs fois au cours de ce voyage comme légume
d'accompagnement. C'est très savoureux et moins sucré que le yam
qu'on retrouve chez nous. Nous nous rendons jusqu'à Matakohe, sur
le bord du havre de Kaipara où nous visitons le musée du Kauri
avant de nous installer dans un camping tout près.
Le musée nous surprend grandement par
son énorme taille et la grande qualité des expositions. On y
présente des photos et des objets entourant l'exploitation du Kauri
et de sa sève ou de l'ambre qui en résulte.
Le plus vieux spécimen
exploité avait près de 3000 ans et plus de 8m de diamètre. Il
s'agit de l'espèce ayant les troncs les plus gros après le Séquoia
géant. On présente aussi des moulins à scie reconstitués, des
meubles en kauri et autres bois précieux, des collections d'ambre ou
d'objets en ambre, la reconstitution d'une maison de chambres
d'époque où les différentes pièces des deux étages
correspondent à divers métiers et présentent une foule d'objets
reliés à ceux-ci, etc.
Fait intéressant, les personnages de cire
qui figurent dans les pièces ont des visages d'habitants du village
qui contribuent ou ont contribué à la mise sur pied et au
fonctionnement de ce musée sans but lucratif. Au sortir du musée,
nous restons avec cette impression de déjà vu chez nous et dans
tant d'autres endroits où de riches compagnies étrangères viennent
vider un pays de ses ressources naturelles en quelques décennies
sans se soucier de durabilité et ce, avec la complaisance des
autorités en place qui n'en n'ont que pour les emplois et la
richesse créés à court terme. Une image vaut mille mots.
En après-midi, nous amorçons le grand
ménage du véhicule que nous devrons rendre au locateur dans moins
de deux jours maintenant. Nous en aurons pour quelques heures pour
faire briller au mieux notre vieux campervan de neuf ans.
Jean